J’ai ensuite découvert un album plutôt particulier, d’une chanteuse presque indéfinissable. Avec un semblant de base classique, mais avec une déconstruction et une décadence dans les formes, Tank Battles: Songs of Hanns Eisler de Dagmar Krause m’a bien surpris.
En fait, l’album m’a laissé à la fois perplexe et fasciné. Une sorte d’opéra allemand, mais discordant, qui m’a rappelé certains albums de free jazz, ou The Trial de l’album The Mad Hatter, de Chick Corea. Un monde musical habité par la tourmente, la déconstruction, bizarrerie, et juste un brin de folie, avec des décors dénudés par des arrangements musicaux simples, mais d’une luminosité perçante, aux pourtours sombres, avec des formes qui sortent à l’occasion de l’ombre, ou s’y fondent de nouveau : voilà, en gros, ce que nous présente Krause. Pour vous faire une meilleure idée, écoutez donc The Ballad of the Sackslingers. En voici une version live.
Ce morceau est plus mélodieux que beaucoup d’autres sur l’album. Et c’est ce qui fait la force de Krause : de pouvoir marier les deux, rendant ainsi le contraste encore plus saisissant qu’on ne le croirait possible. Et, de la manière qu’elle mêle harmonieux et discordant, elle mêle les tempos, passant de rapide à lent, de lent à rapide, nous surprenant à tous les tournants.
Comme l’album compte pas moins que 36 morceaux, en voici quelques uns sur lesquels vous devriez vous attarder davantage : le long et complexe Lied Von Der Belebeden Wirkung des Geldes, le très harmonieux et doux Chanson Allemande, le tragique Song of a German Mother, le triomphant Bankenlied, puis enfin The Wise Woman and the Soldier au style de musical. Après ce morceau, l’album perd un peu de sa saveur, ou de son originalité. Mais avant de terminer ma critique, il faut que vous écoutiez The Song of the Whitewash, qui ouvre l’album de la plus belle façon possible, en vous plongeant dans l’atmosphère sans aucun compromis. La qualité de cette vidéo n’est pas géniale, mais c’est définitivement l’autre morceau de l’album que vous devez écouter.