Trans-Europe Express (1977) – 685 jours, 809 albums

Je m’ennuyais ensuite du son électronique sur lequel j’ai l’impression d’être passé trop vite. Je me suis donc permis un autre album de Kraftwerk, soit Trans-Europe Express.

Kraftwerk - Trans-Europe Express

Ah ! Que cela fait du bien de retrouver le son sec et mécanique, mais si relaxant de Kraftwerk et du krautrock ! Le rythme lent à l’excès, la répétition et le lent développement des thèmes, cette atmosphère à la fois légère et lourde, mais éloignée surtout : rien, à mon avis, ne laisse présager ce que deviendra quelques décennies plus tard l’électro. Hall of Mirrors, par exemple, est une marche lente, pesante, mais méditative et éthérée juste à point.

Juste avant, et pour ouvrir l’album, Europe Endless est bâti sur le même modèle, mais avec une certaine fraîcheur de plus. Le seul morceau qui soit digne de mention et qui soit plus énergique, plus insistant, serait Showroom Dummies, qui ressemble presque à une incantation, avec ses voix distantes en arrière-plan.

Par contre, j’ai trouvé le reste de l’album plus décevant, moins frais et nouveau. Mais de toute façon, on n’écoute un album de ce genre que pour s’y plonger complètement, que pour s’y laisser aller. Ainsi, après les trois premiers morceaux, l’hypnose est déjà complète et le reste coulera de source, sans trop d’attention.

Tago Mago (1971) – 812 jours, 905 albums

Ce fut ensuite la présentation du kraut rock, avec le groupe Can et leur album Tago Mago.

Ce fut également une découverte pour moi, cette fois, car, mis à part Kraftwerk, il s’agit d’un style musical avec lequel je ne suis encore que peu familier. Et même si j’avais au départ quelques doutes, ce fut néanmoins une découverte extraordinaire et fort enrichissante.

L’album, tout d’abord, est construit de manière plutôt particulière. Il débute avec trois morceaux plus accessibles et bien accrocheurs, dont Paperhouse est définitivement le meilleur, avec ses sonorités orientales et ses subtilités.

J’ai aussi trouvé Mushroom intéressant, mais déjà moins satisfaisant, quoiqu’il s’agisse d’un excellent morceau en soi. Oh Yeah, en revanche, amène un peu plus la répétition et le côté mécanique si propre au kraut rock, et nous prépare au reste de l’album. Aussi, il y a quelques expérimentations musicales bien parsemées.

Ensuite, on a l’impression que l’album et la musique se déconstruisent progressivement, alors que Halleluhwah va davantage vers l’exploration et l’expérimentation, avec des sonorités électroniques et des parties jouées à l’envers, le tout supporté par une routine de batterie répétitive et bien allemande. Aumgn va un peu plus loin, avec son atmosphère sinistre et éthérée. C’est d’ailleurs toute une expérience que d’écouter ce morceau pour la première fois dans une obscurité nouvelle, en traversant le Parc de la Vérendrye (un bout de chemin qui traverse une grande forêt pendant environ 2 heures). Il s’agit en quelque sorte d’un Number 9 des Beatles, mais plus raffiné, plus recherché, avec, donc, un effet décuplé.

Vient enfin Peking O qui pousse l’expérimentation encore plus loin jusqu’à perdre substance… ou presque. Disons simplement que, mon attention ayant été affaiblie par l’exigence des précédents morceaux, je n’y ai porté que peu d’attention. Quant à Bring Me Coffee or Tea, je n’en garde aucun souvenir.

Autobahn (1974) – 825 jours, 913 albums

Pour les albums suivants, je me suis permis un petit saut quantique dans le futur, histoire de me plonger complètement dans la décennie suivante. Cela a commencé avec Autobahn du groupe très novateur Kraftwerk.

Pendant qu’en Angleterre et aux États-Unis on explore les possibilités créatives et artistiques du art rock, à la même époque, en Allemagne, se développe un style de rock complètement aux antipodes de ce dernier : le kraut rock. En créant les prémisses de la musique électronique, des groupes comme Kraftwerk adoptent une ambiance froide et mécanique, en explorant la répétition, les subtiles nuances entre les sons ou les notes, avec une musique en apparence plate, mais étonnement texturée dans sa simplicité. Écoutez le morceau éponyme de l’album pour vous en convaincre :

Cela m’a surpris de voir à quel point ce morceau, pourtant un pionnier, a merveilleusement bien vieilli. Il me semble encore d’actualité, et je le verrais très bien utilisé dans des pubs, un film ou n’importe quel autre média contemporain. L’avant-gardisme du groupe me semble percutant. Aussi, tous les éléments de la musique contemporaine semblent y être, si ce n’est que la basse est beaucoup moins présente. Mais la forme, elle, demeure la même. La répétition, par exemple, est utilisée avec brio. Aussi, je n’ai entendu aucune aspérité sur l’album, rien qui ne dépassait ou ne semblait pas être à sa juste place. Franchement, cela m’a étonné, pour l’époque et alors que le style semble être encore naissant. Mais bon, il semble que je ne sois pas encore arrivé au bout de mes surprises.