Superunknown (1994) – 535 jours, 660 albums

Autre album grunge, et une belle découverte du genre : Superunknown, du surprenant groupe Soundgarden.

Soundgarden - Superunknown

L’album débute lentement, avec quelques morceaux typiques du genre, qui ont une énergie certaine, assez bruyants, et où l’on sent bien l’héritage du hard rock et du heavy metal. Mais arrivé au sixième morceau, tout à coup, on tombe sur Head Down, la perle, la révélation de l’album. Complexe, éthéré, profond, émotif, et avec un jeu de guitare, entre les paroles, qui est simplement parfait, accrocheur, et qui revient sans cesse, comme un leitmotiv, tout au long du morceau.

Ce morceau, j’ai déjà dû l’écouter une centaine de fois, en boucle, dans ma voiture, aux côtés du lyrique mais déchirant Black Hole Sun.

Il est plus lent, plus insistant dans son refrain. Après le charmant diablement accrocheur de Head Down, ce morceau nous offre un étrange répit, où l’émotion prend une autre forme, plus lente mais plus percutante. Plus loin, c’est le puissant The Day I Tried to Live qui a retenu mon attention, avec, encore une fois, le contraste saisissant entre ses moments calmes et ses moments forts, puissants, presque criés.

Le reste de l’album a bien quelques perles de plus, mais l’essentiel semble être contenu dans ces quelques morceaux. En réécoutant l’album plusieurs fois, j’ai bien fini par apprécier l’aspect accrocheur de Spoonman, le poétique et émotif Like Suicide, l’excellent Let Me Drown qui ouvre l’album, ainsi que quelques autres morceaux. Mais ceux que j’ai écoutés le plus souvent, ce sont les trois mentionnés plus haut.

Heartattack and Vine (1980) – 661 jours, 785 albums

Enfin ! Internet était revenu chez moi ! Sans plus attendre, j’ai donc profité de l’occasion pour écouter un album de Tom Waits, qui avait été la révélation lorsque j’avais écouté un premier album de l’artiste. Cette fois-ci, ce fut Heartattack and Vine.

Tom Waits - Heartattack and Vine

J’ai aimé retrouver sa voix éraillée, cette fois accompagnée d’une guitare sale et blues dès le morceau éponyme qui ouvre l’album. Même si c’est plutôt le second morceau, In Shades, purement instrumental, qui m’a accroché en premier sur l’album. Simplement une ambiance calme, à la fois de jazz et de blues, avec des bruits de bar en arrière-plan; voix lointaines, verres qui s’entrechoquent, etc. D’une simplicité qui accentue l’intensité du morceau et son ambiance.

Saving All My Love for You est aussi venu me toucher, cette fois par son émotion et son propos romantique. Quoique j’ai trouvée la voix de Waits trop grave sur ce morceau, trop ronde, ironiquement. Je la préfère définitivement rude et enrouée. Et l’autre morceau qui mérite votre attention serait Jersey Girl.

Son ambiance feutrée, son ton mélancolique et la voix, cette voix viscérale de Waits, ont bien créé quelques frissons chez moi. Cela dit, je préféré moins cet album que le précédent que j’ai écouté, soit Nighthawks at the Diner. J’ignore trop pourquoi, mais il me semble que l’ambiance de salon, avec les histoires, me semblait plus intime, plus touchante, que cette simple compilation de morceaux sans contextes ni présentation. Mais il faut aussi que je dise que Waits m’apparaît comme un artiste complexe et difficile à déchiffrer. Ses morceaux sont difficiles à pleinement saisir, ne serait-ce que par la difficulté de la langue. Ainsi, comme souvent, quelques écoutes de plus s’imposent pour l’avenir.

Nighthawks at the Diner (1975) – 771 jours, 847 albums

Un autre nom incontournable de la musique que je m’impatientais de connaître : le mystérieux Tom Waits. J’en avais entendu parler, mais je n’avais jamais entendu sa musique. Du moins, pas en le sachant… Mais j’avais quelques uns de mes amis qui ont partager de ses morceaux, et je n’avais pas pu m’empêcher d’écouter un peu. Et n’y tenant plus, j’ai donc écouté un album de cet artiste, et ce fut Nighthawks at the Diner.

Alors que je croyais qu’il s’agissait d’un musicien country ou encore d’un chanteur crooner, je fus surpris, mais ô combien satisfait, de découvrir une voix enrouée sur fond de jazz et de blues. En fait, il s’agissait même d’une véritable mise en scène, avec l’audience qu’on entend applaudir et rire, avec Waits qui raconte quelques histoires entre les morceaux, sur fond musical, prenant son temps, recréant l’atmosphère d’un spectacle donné tard dans la nuit, dans un bar ou un salon où on peut voir la fumée des cigares voler au-dessus des têtes.

Durant cette soirée de plus d’une heure, on découvre différents morceaux, comme On a Foggy Night qui est plus calme et posé, enfumé même, ou l’accrocheur Eggs and Sausage (In a Cadillac with Susan Michelson) avec son piano d’un charme exquis.

Sérieusement, un piano, une contrebasse et une voix comme celle-là : voilà tout ce dont j’ai besoin pour passer une agréable soirée musicale. Par cette simplicité, l’intensité s’en trouve décuplée, et les frissons deviennent fréquents et saisissants.

Deux autres morceaux qui ont réussi à sortir du lot, malgré la qualité exceptionnelle de l’album, sont Putnam Country qui est raconté comme une histoire, et Share Parts I (A Nocturnal Emission). Mais c’est particulièrement Nobody et sa poésie qui m’ont accroché le plus.

Je l’ai trouvé d’un romantisme saisissant.

Vous vous demandez peut-être comment je peux aimer la voix enrouée et difficile de Tom Waits et détester celle de Bob Dylan. La réponse est simple : celle de Waits est musicale, harmonieuse, et sait faire passer l’intensité de ses morceaux et de leur poésie à merveille, malgré son aspect rude. Celle de Dylan manquait tout simplement de charme et d’attrait. Outre la qualité de sa voix, il chante tout bonnement mal, à mon avis. C’est pourquoi j’ai hâte d’en découvrir davantage sur le premier, et que je considère comme difficile de découvrir de nouvelles oeuvres du second.