Five Leaves Left (1969) – 110 jours, 474 albums

Nick Drake - Five Leaves Left (1969)Le folk personnel de Nick Drake est sensible, touchant, délicat. Five Leaves Left est un de ces petits trésors qu’on a l’impression d’ouvrir, et qui contient une quantité infinie de souvenirs uniques, nostalgiques.

La voix de Drake est douce, suave. Sa simple guitare occupe tout l’espace, mais est parfois aidée de violons, comme sur le mélancolique River Man. Si ce n’était de la voix réconfortante de Drake, on en pleurerait. Day Is Done a aussi ce charme unique, qui allie une orchestration subtile, une mélodie qui fait frissonner votre cœur et, encore, cette voix unique. On se sent démuni devant ce morceau.

Pourtant, Drake est toujours mesuré, jamais poignant. Et pourtant, votre cœur en ressort serré, serré…

Coles Corner (2005) – 475 jours, 629 albums

Le premier album : le chamber pop et le charme indie de Coles Corner, de l’artiste Richard Hawley.

Richard Hawley - Coles Corner

Ce que j’ai retenu de cette musique : une simplicité touchante et un retour aux sources. Il y a dans ces morceaux une poésie simple, douce, où il fait bon se promener. Certains morceaux, dont Just Like the Rain, m’ont rappelé ma découverte de la musique folk, avec la guitare électrique et la voix du chanteur, sentimentale, mise à l’avant-plan. D’autres, comme Hotel Room, s’ouvre avec des thèmes de crooner, nous ramenant aux belles années de la séduction, de la galanterie et des jeunes femmes en robe rouge.

On se laisse porter tranquillement dans les rêveries de cet album, on se laisse bercer par les mélodies simples et touchantes. Écouter ces morceaux me rend nostalgique de tant de beaux moments de la musique. Le relaxant The Ocean, le plus énergique (à peine) et folk I Sleep Alone, l’encore plus folk, presque country, et larmoyant (Wading Through) The Waters of My Time, et le rêveur Last Orders, qui clôture l’album : tous des moments presque silencieux et d’une beauté merveilleuse. Le dernier morceau à mention avant de vous laisser avec l’album : Coles Corner.

Voilà : tout y est.

Come Away with Me (2002) – 476 jours, 629 albums

Histoire de demeurer dans la musique calme et relaxante, j’ai écouté le vocal jazz de Norah Jones, sur son album Come Away with Me.

Norah Jones - Come Away with Me

J’ai toujours eu plus de difficultés à apprécier Norah Jones, pour une raison ou pour une autre. On a beau aimer le jazz et le vocal jazz, on dirait que certains artistes viennent nous toucher droit au coeur, alors que d’autres nous laissent plutôt indifférent. Ce n’est pas une question de talent, mais simplement une question d’affinités, j’imagine. Mais cela ne m’empêche pas de voir tout le talent de Norah Jones, et d’apprécier sa musique. En fait, je dois même dire qu’en lui laissant une nouvelle chance, et en écoutant attentivement cet album, elle pénètre déjà un peu plus ma peau. Qui sait : peut-être que bientôt elle touchera mon coeur. Mais pour le moment, j’apprécie tout autant Don’t Know Why, mais simplement pour son côté accrocheur et sensuel.

Feelin’ the Same Way est aussi intéressante, avec ses influences folk. Shoot the Moon était délicat et fragile, doux aux oreilles. Turn Me On a retenu davantage mon attention, et il m’a semblé plus senti, plus viscéral et personnel.

Enfin, Nightingale et The Nearness of You valent également votre intérêt. Mais comme, pour moi, il est difficile de deviner ce qui vous touchera et ce qui vous laissera indifférent, je vous laisse découvrir le reste par vous-mêmes. Peut-être que cette artiste de talent saura vous atteindre plus que moi.

Ys (2006) – 478 jours, 630 albums

Un album qui m’intriguait, ne serait-ce que par son titre minimaliste : Ys de Joanna Newsom. J’ai donc décidé de découvrir cet indie folk aux saveurs new age.

Joanna Newsom - Ys

Indie folk, oui, mais ce n’est pas du tout le même que celui de Devendra Banhart. Ici, ce sont plutôt 5 longs morceaux qui nous sont offerts, et au lieu d’une ambiance pop ou lyrique, on se laisse plutôt porter par le son des harpes, des doux violons et par la voix si particulière de Newsom. C’est une ambiance qui rappelle le new age et son côté un peu mystique, alors que la voix de Newsom me rappelait en partie celle de Björk, par sa flexibilité et son aspect presque hypnotique.

Pour être franc, j’ai remarqué peu de différences entre les morceaux. Comme souvent, je me suis plutôt laissé porter par la musique sans trop me poser de questions. Peut-être était-ce la fatigue du voyage… Mais malgré ce manque d’attention, le voyage fut pourtant fort appréciable. Pour vous en convaincre, prenez le temps d’écouter Monkey & Bear, et de relaxer quelques minutes.

Pour le reste, c’est le genre de musique que j’écouterais dans un bon bain chaud, en fermant les yeux, afin de me laisser calmer et pénétrer par l’imaginaire de cette artiste. Un album tel que celui-ci fait toujours du bien dans un défi comme le mieux.

Rejoicing in the Hands (2004) – 479 jours, 630 albums

Avec une bonne amie à moi, j’ai décidé à la fin du mois de juin de faire une petite escapade dans la ville de Québec. (Eh oui : je suis si en retard que ça sur mes critiques ! ) Comme la route est longue, et que nous sommes tous les deux des mordus de musique, j’ai donc emporté avec moi une pile d’albums pour écouter en chemin, et pendant nos pérégrinations dans la capitale nationale. Et pour débuter le voyage, quoi de mieux qu’un bon album de indie folk ? Nous avons donc écouté Rejoicing in the Hands de Devendra Banhart.

Devendra Banhart - Rejoicing in the Hands

Avec cette voix profonde, une instrumentation simple et ce petit quelque chose indescriptible qu’apporte l’indie, l’album promet dès ses premiers instants d’être idéal pour un bon vieux roadtrip. La guitare acoustique, dans ces circonstances, est toujours une valeur sûre. This is the Way nous accueille donc sur les routes du Québec avec un soleil radieux, quelques nuages moutonneux et un sourire sur le visage.

Depuis qu’avec ce défi je me suis familiarisé au folk, j’ai appris à savourer cette simplicité, l’aspect épuré de cette musique, qui semble laisser toute la place à la subtilité et, dans beaucoup de cas, à l’émotion, vraie et bien sentie. Comme sur It’s a Sight to Behold et ses violons poignants. The Body Breaks offre son propre genre de lyrisme, plus doux, plus près de la balade, et nous montre qu’avec si peu de choses, on peut pourtant faire tant ! Will Is My Friend est un autre morceau que j’ai bien apprécié : touchant et fragile, mais assuré à la fois. Ensuite, c’est le plus joyeux This Beard Is for Siobhán qui a redonné du soleil à notre voyage.

Le reste de l’album comporte bien sûr d’autres bons moments, d’autres moments rêveurs et souriants, ou tristes et enfumés de nostalgie, mais après quelques morceaux, je dois avouer qu’on se laisse porter par l’album sans trop y réfléchir davantage. L’album ressemble à un troisième passager, assis sur la banquette arrière, qui vous accompagne sur la route, soit par son silence, soit par sa conversation désinvolte, soit par les quelques notes qu’il gratte de manière inconsciente sur sa guitare. La voiture devient moins vide, et la compagnie est toujours bonne.

Tidal (1996) – 500 jours, 642 albums

Pour rester dans la veine des chanteuses féminines, j’ai pris le temps d’écouter un album de Fiona Apple, soit l’excellent Tidal.

Fiona Apple - Tidal

J’ai découvert Fiona Apple à l’université, dans un bar, un après-midi où je révisais du grec. Je suis tout de suite tomber sous le charme de cette voix divine, un peu jazzy. Sans attendre, j’avais été demandé le nom de la chanteuse, griffonnant son nom dans mes notes de cours. Ce fut donc un plaisir de la retrouver dans ce défi, surtout sur un album aussi puissant et poétique que celui-ci. À réentendant Sleep to Dream, un frisson m’a saisi, et je fus séduit de nouveau.

Une voix profonde, quelques subtiles notes de piano, un gros tambour pour marquer le rythme, qui vient rejoindre la voix relativement grave, basse, de Apple : tout y est pour faire un morceau saisissant, et un brin éthéré. Un peu plus loin, c’est Shadowboxer qui retient mon attention, avec sa batterie jazzy, son piano toujours à point, et ses quelques violons pour agrémenter. Tout de suite après vient l’ambiance mystérieuse de Criminal et son refrain juste assez pop.

Autre morceau qui mérite votre attention (même si tout l’album la mérite, selon moi) : Never Is a Promise et son ambiance plus mélancolique et sentimentale.

Sinon, j’ai bien hâte de réécouter d’autres oeuvres de cette merveilleuse chanteuse qui sait me séduire à chaque morceau.

Murder Ballads (1996) – 503 jours, 642 albums

Je me suis ensuite mis dans les oreilles un autre album de Nick Cave and the Bad Seeds, soit Murder Ballads.

Nick Cave and the Bad Seeds - Murder Ballads

Encore une fois, l’artiste nous charme avec un rock détaillé, travaillé, qui allie une force narrative avec une force musicale. Encore une fois, on a l’impression de vivre une sorte d’opéra rock, où les morceaux se confondent mais, pourtant, ne se ressemblent pas tant. Par contre, je dois dire avant toute chose que, ici, le résultat m’a moins plu qu’avec Henry’s Dream. Disons simplement que plusieurs morceaux sont passés davantage inaperçus, et que les moments forts de l’album sont, un peu, moins forts. Cela dit, il s’agit tout de même d’un excellent album, qui a su renouveler mon intérêt pour cet artiste bien particulier.

Quelques bons moments ? Where the Wild Roses Grow, en duo avec Kylie Minogue, qui rappelle une balade, ou alors un western (avec ses nuances de folk), et qui m’a touché avec sa mélancolie douce, son romantisme et sa complexité musicale. Violons, cloches, guitare acoustique…

Il y a également Henry Lee, où apparaît la merveilleuse voix de PJ Harvey, et aussi Stagger Lee et son rythme impérieux, appuyé. Mais, comme souvent, c’est le premier morceau, celui qui annonce tout, qui retient le plus l’attention : Song of Joy.

Il est épique, sombre, et semble annoncer une histoire, un album, des plus complexes et intéressant, ce qu’il sera.

Simplement en réécoutant quelques morceaux de cet album pour écrire cette critique, je m’aperçois aussi que cette musique mériterait une attention plus soutenue qu’une simple écoute. Plusieurs seront même de rigueur pour pleinement apprécier les subtilités de cet album. Dommage que ce défi, ironiquement, offre si peu de temps.

Henry’s Dream (1992) – 593 jours, 679 albums

La vie fait de ces drôles de coïncidences : présenter Nick Cave à Tout le monde en parle au même moment où j’arrive à ses albums dans mon défi. J’ai donc décidé d’écouter, sans trop attendre, Henry’s Dream de Nick Cave and the Bad Seeds.

Nick Cave and the Bad Seeds - Henry's Dream

En fait, je n’avais pas trouvé l’entrevue si intéressante. Mais en cherchant ensuite dans le livre des 1001, je me suis aperçu que le défi comptait pas moins de quatre albums de l’artiste et de son groupe. Il fallait donc que je découvre pleinement cette oeuvre par moi-même. Et, ma foi, je ne fus pas déçu ! Présentant un rock complexe et détaillé, avec une narration étoffée et une ligne d’album solide, Cave m’a rappelé Alice Cooper, ou même l’opéra rock Tommy des Who. Encore une fois, il m’est prouvé que force et intensité peuvent bel et bien aller de paire avec art et beauté. Le premier morceau qui a retenu mon attention et qui, justement, illustre bien ce point : I Had a Dream, Joe.

Il y a ici un raffinement inattendu, qui donne tout son charme et sa personnalité à cette musique. Plus loin, c’est le discret Christina the Astonishing qui capture mon attention. On dirait un tango mélancolique, avec l’orgue discret mais aussi insistant, qui crée une atmosphère lugubre mais aussi sensuelle, aidée par la voix de Cave. Ensuite, il y a l’excellent et accrocheur John Finn’s Wife.

Le mélange élégant de guitares acoustiques avec les violons lointains crée une ambiance des plus séduisantes, alors que le rythme est assez rapide pour ne pas tomber dans la balade ou la tristesse. On sent plutôt l’énergie et l’inspiration du rock, dans la structure et la voix de Cave. Enfin, m’a plu également Loom of the Land et sa marche morose.

Après un seul album, je comprends bien comment autant que quatre albums participeront à ce défi. La créativité de cet artiste n’est définitivement pas à délaisser.

Achtung Baby (1991) – 600 jours, 692 albums

Comme il y en a plusieurs dans ce défi, j’ai écouté un autre album de U2. Il s’agissait de Achtung Baby.

U2 - Achtung Baby

Je l’avais peut-être déjà mentionné, mais j’ai une relation mitigée avec U2. Pas autant qu’avec les Rolling Stones, mais tout de même mitigée. Il s’agit d’un groupe excellent, qui sait faire de bons morceaux, mais j’ai trop longtemps eu l’impression que beaucoup de leur musique se ressemblait, qu’ils n’arrivaient pas à évoluer, à explorer. Étant aujourd’hui plus mature, et en réécoutant leurs albums avec plus d’attention, je m’aperçois que leur travail est, en fait, beaucoup plus profond et fin que ce que je croyais d’abord. À ce titre, Achtung Baby est un bon exemple, contenant certains des moments forts et emblématiques du groupe, le premier d’entre eux étant One.

Il est simple, pognant, romantique. Tout est dit. Juste avant, il y a l’entraînant Even Better Than the Real Thing, qui nous plonge entièrement dans l’univers musical du groupe, sans compromis : cette atmosphère juste un peu aérienne, avec une pop parfaitement maîtrisée, et une mélodie accrocheuse, porteuse. Plus loin, on retrouve l’emblématique Mysterious Ways, qui serait difficile à oublier. Mais c’est plutôt Love Is Blindness que je souhaite vous faire écouter.

J’ai d’abord découvert le morceau par la version de Jack White, mais celle de U2 a une ambiance complètement différente. Elle est mélancolique, lente et languissante, nostalgique aussi. Tout aussi saisissante, mais pas du tout pour les mêmes raisons. Verdict : le texte et la mélodie sont touchantes, point. Même en la réécoutant, des frissons parcourent mon corps.

The Bends (1995) – 603 jours, 697 albums

Tout comme je suis arrivé au moment béni de pouvoir écouter du Björk, je suis également arrivé à celui de pouvoir écouter du Radiohead. J’ai commencé par The Bends.

Radiohead - The Bends

Cette ambiance nostalgique et lyrique m’a toujours fasciné, dès ma première découverte du groupe. Et cela n’a pas changé depuis. Prenez High and Dry, un classique du groupe, où se mêlent une petite ambiance éthérée, un tempo lent, une voix légère et aérienne, mais empreinte d’une émotion certaine, et une guitare acoustique des plus charmantes.

Sans trop de surprise, j’ai découvert que cet album participait au britpop. Mais ses constructions mélodieuses et accrocheuses, à la fois pop et profondes, l’avait déjà vendu un peu, lorsque l’on connaît le terme. Et cela se voit aussi dans la variété parfaitement maîtrisée des tons et des ambiances. Plus viscérale et intense sur Just, plus rêveuse sur Planet Telex, plus introspective sur My Iron Lung, et plus folk et poignante sur (Nice Dream)

J’ai trouvé ce dernier morceau particulièrement travaillé, avec ses violons, ses choeurs discrets, ses textures de guitares, acoustique ou électrique, et la voix à son plus simple, à son plus beau, à son plus fort.

J’ai déjà hâte d’écouter les autres oeuvres du groupe avec attention. Dès celui-ci, on sent déjà une maturité et un contrôle certains.